La transition énergétique est l’un des quatre thèmes proposés pour le « le grand débat national » par le Président de la République. Néanmoins ce dernier postule d’emblée dans sa lettre aux français que « personne ne conteste l’impérieuse nécessité d’agir vite » (contre le réchauffement climatique). Dans ces conditions pourra-t-on réellement débattre ? (voir ici la fiche de présentation du thème transition écologique). En dissociant la transition énergétique du thème de la fiscalité et des dépenses publiques, le Président de la République semble oublier que c’est la hausse sans précédent de la fiscalité énergétique (hausse de 15 milliards d’euros d’ici 2022 selon le Sénat) qui est à l’origine du mouvements des gilets jaunes.
(1) La Transition énergétique est inutile, dispendieuse et injuste article de Rémy Prud’homme
(2) association des climato-réalistes
♦ Les énergies traditionnelles (hommes, animaux, vent, eau) ont été remplacées par des énergies nouvelles (charbon, pétrole, électricité, nucléaire) depuis le début du 19ème siècle Le passage du charbon au pétrole puis à l’électricité et au nucléaire montre que les transitions énergétiques ont toujours existé. Elles se sont développées sous l’impulsion de la technologie et du marché, très peu par l’intervention du politique.
♦ L’actuelle transition énergétique est de nature radicalement différente. Elle a pour objet de réduire les rejets de CO2 dans l’atmosphère par peur des conséquences que pourrait avoir le CO2 sur le climat. Cette transition n’est inspirée, ni par l’apparition d’une innovation majeure, ni par le marché. Elle est d’origine exclusivement politique. Son coût n’est pas absorbé par le marché, mais soutenu par des taxes, et autres subventions financées par l’impôt payé par le consommateur.
1. La transition énergétique française est inutile
Même si l’on est réservé sur la théorie du réchauffement anthropique du GIEC, qui soutient que ce sont les gaz à effet de serre, principalement le CO2, émis par l’activité humaine qui entrainent l’élévation de la moyenne des températures sur terre, il est possible d’utiliser les éléments de calcul contenus dans leurs hypothèses pour estimer quel sera l’impact sur la température des réductions d’émission de CO2 des différentes politiques mises en œuvre :
Hypothèse 1 : d’ici 2050, les pays de l’OCDE – en gros les pays développés – réduisent leurs émissions annuelles de 50% ; les autres pays – pratiquement les pays en développement – n’augmentent pas leurs émissions annuelles.
Entre 2017 et 2050, par rapport à l’évolution « naturelle » (pas de transition), cette lourde politique de transition aurait pour effet de réduire la moyenne des températures de 0,029 °C, c’est-à-dire de 3 centièmes de degré.
Hypothèse 2 : rejets zéro d’ici 2050 pour l’ensemble des pays de l’OCDE :
cette politique (extrêmement coûteuse et totalement irréaliste) porterait l’impact à 5 centièmes de degré (au lieu de 3).
Hypothèse 3 : rejets zéro d’ici 2050 pour la France seule :
cela réduirait le stock de CO2 dans l’atmosphère de 1 dix-millième, et l’impact sur la température serait totalement insignifiant.
Même si l’on conteste ces chiffres, le simple bon sens voudrait que le fait que les centrales nucléaires (produisant actuellement 75% de notre électricité) ne produisent pas de CO2, suffit à démontrer que la transition énergétique en France est particulièrement inutile.
2. La transition énergétique française est dispendieuse
Le rejet de CO2 est la conséquence de l’activité de 4 principaux secteurs d’activité : les transports (surtout routier) représentent 39% des rejets, le secteur résidentiel et tertiaire (chauffage et eau chaude) 24%, l’industrie 21% et enfin l’énergie (principalement l’électricité) 14 %.
1. L’électricité : La taxation de ce secteur d’activité est paradoxale puisqu’il est totalement décarbonné à 85% (nucléaire et hydraulique). Mais c’est sans compter sur le dogme de la dénucléarisation et l’avènement de l’éolien promu comme un des piliers de la transition énergétique. Là, on n’est plus dans le paradoxe, mais dans la manipulation et le mensonge. Fermer des centrales nucléaires qui ne rejettent pas de CO2 et les remplacer par des éoliennes qui n’en produisent pas non plus ne réduira pas d’un gramme nos rejets de CO2. Cette politique a un coût :
- un surcoût direct en subventions (promoteurs) et obligation d’achat de l’éolien à un coût très supérieur à l’électricité traditionnelle (EDF). Ce surcoût est chiffré par la CRE (Commission de régulation de l’énergie) à 5 milliards d’€ par an. Il est en continuelle augmentation.
Qui paye ce surcoût direct ? Le consommateur d’électricité, à travers une taxe baptisée CSPE (Contribution au service public de l’électricité). Notons qu’au passage l’état affecte une TVA de 20% à cette taxe !!! Les 5 milliards de CSPE nous coûtent donc en réalité 6 milliards par an !
- Des surcoûts indirects : dont on ne parle jamais. Dépréciation de l’environnement des riverains, de l’immobilier, bétonnage, desserte des éoliennes en substitution des terres agricoles. Coût de transport supplémentaire… Le coût estimé est équivalent aux coûts directs soit 5 milliards d’euros par an.
2. Les transports : En France, le secteur des transports est de loin le secteur qui rejette le plus de CO2. Ces rejets viennent principalement du transport routier de personnes et de marchandises.
Des tentatives nombreuses pour réduire l’importance de la voiture : sans être exhaustif, on peut citer :
• Remplacer les camions par des trains de marchandises ;
• Remplacer la voiture par le train pour les longs trajets ;
• Favoriser le co-voiturage ;
• Développer les transports en communs dans les villes ;
• Réduire les vitesses ;
• Développer le vélo (et la trottinette) ;
• Remplacer le diésel par l’essence ;
• Remplacer les carburants par de l’électricité.
Des tentatives coûteuses : le transport automobile est lourdement taxé, les modes alternatifs sont lourdement subventionnés.
Le montant des taxes spécifiques sur le transport routier s’élève à 45 milliards en 2017. La TICPE (taxe sur les carburants) est la plus importante : 37 milliards. Le gouvernement avait l’intention d’alourdir encore cette fiscalité en augmentant la taxe carbone. Il y a, provisoirement, renoncé…
Les modes alternatifs sont lourdement subventionnés. De l’ordre de 12 milliards par an pour la SNCF et 8 milliards pour les transports en commun locaux.
Pour l’essentiel, toutes ces coûteuses tentatives pour réduire les rejets de CO2 du secteur des transports sont restées sans effet non pas à cause d’une politique du tout-routier mais malgré une politique du moins-routier.
Le fret ferroviaire, qui stagne malgré des plans frêt coûteux, représente aujourd’hui moins de 10% du total du transport des marchandises (exprimé en tonnes x km)
Pour l’ensemble des transports de voyageurs, les véhicules à moteur (voitures, deux-roues, autobus et autocar) représentent 87% des déplacements mesurés en voyageurs*kilomètres et ce taux ne diminue pas… sauf à Paris.
C’est pourquoi, globalement, les rejets de CO2 du secteur transports diminuent peu. Et s’ils diminuent c’est grâce au progrès de la technologie des véhicules.
3. La transition énergétique française est injuste
Les politiques dites de transition énergétique sont non seulement inutiles et dispendieuses, elles sont également régressives. Elles pèsent davantage sur les pauvres que sur les riches, par rapport au revenu. Sur les ménages pauvres, sur les régions pauvres, et sur les pays pauvres.
Une régressivité entre les personnes : Les secteurs qui rejettent le plus de CO2 sont le transport routier, le logement et l’électricité. Le malheur veut que dans ces trois secteurs, la consommation augmente moins vite que le revenu. Pour chacun d’entre eux, la part de la dépense est plus grande chez les ménages pauvres que chez les ménages riches. Taxer ces dépenses ou en augmenter le coût pèsera donc bien plus lourd chez les ménages pauvres que chez les ménages riches.
Cette réalité est bien connue. Les pauvres sont plus durement affectés que les riches par la fiscalité environnementale. L’état le sait bien : de la main gauche il exonère ou subventionne les plus pauvres pour la consommation de ces biens (exemple le chèque énergie, ou des primes pour l’achat de voitures neuves moins émettrices de CO2, mais de la main droite il fait augmenter le prix de l’énergie et des carburants (au moyen de taxes ou de régulations). Or ces exonérations ou subventions sont en pratique très loin d’effacer le caractère fondamentalement régressif des hausses de prix causées par la transition énergétique.
Cette situation débouche sur une précarité énergétique croissante.
Une régressivité entre les régions : on dépense plus d’électricité et de carburant dans les zones rurales que dans les grandes villes et à fortiori à Paris. Un ménage rural consomme 60% de plus d’électricité qu’un ménage parisien, et 110% de plus en carburants. Rapportés au revenu les écarts de dépenses seraient encore plus importants. Ceci aggrave sérieusement les fractures territoriales. Et permet de mieux comprendre la géographie des gilets jaunes.
Une régressivité entre les pays : le coût de la transition énergétique rapporté au revenu par habitant est très différent entre pays riches et pays pauvres. Le surcoût d’une réduction de CO2 (en remplaçant par exemple une centrale au charbon par des éoliennes) est le même en Allemagne et en Inde. Disons qu’il est de 200 dollars. Mais 200 dollars c’est 100 heures de travail en Inde et 2 heures et demie de travail en Allemagne. Les pays pauvres ne peuvent tout simplement pas se payer notre transition énergétique. On essaye cependant de les persuader du contraire avec des arguments très faibles : le réchauffement climatique… et 100 milliards de dollars par an dont on ne sait toujours pas qui paiera et qui en profitera ! La Chine et l’Inde qui sont les plus gros producteurs de CO2 au monde ne sont absolument pas convaincus. La priorité de la Chine et l’Inde est le développement économique, pas du tout la transition énergétique.
4. Conclusion
L’association des climato-réalistes est consciente des nuisances que l’empreinte croissante de l’homme peut causer à la nature et à notre environnement : pollutions de toutes sortes, consommation excessive des ressources naturelles, atteintes à la biodiversité, destruction du patrimoine naturel et culturel, etc. Ils savent que la lutte contre ces dommages potentiellement considérables et parfois irréversibles doit être constante, et qu’elle implique nécessairement de multiples interventions des pouvoirs publics.
L’association des climato-réalistes se réjouit de voir que, au cours des décennies passées, cette lutte a souvent été un succès. Dans les pays développés en tout cas. Beaucoup reste à faire. Mais la combinaison du progrès scientifique, de l’intervention politique, et du marché a porté de beaux fruits, et elle a démenti complètement la plupart des prévisions catastrophiques brandies par les activistes de l’environnement.
Au cours des deux dernières décennies la peur du réchauffement de la planète a remplacé la peur de la dégradation de l’environnement. Cette lutte contre le CO2, sous le nom de transition énergétique, envahit les esprits et les institutions. Lorsqu’il y a conflit entre promotion d’industries (prétendument) écologiques et défense de l’environnement, comme dans le cas des éoliennes, le « ministère de la Transition écologique et solidaire » devient un ennemi de l’environnement. Dans un combat à fronts renversés, le ministère de la Transition soutient fermement les promoteurs de l’éolien contre les défenseurs de l’environnement. Il dispense les industriels de l’éolien du permis de construire, ignore les avis négatifs des gestionnaires des parcs naturels terrestres ou marins affectés, et multiplie les obstacles aux recours juridiques des riverains impactés.
C’est cet hégémonisme, cette nouvelle peur, et notre amour de l’environnement, qui nous ont conduit à essayer de regarder d’un peu plus près la « transition énergétique ». Avec des chiffres et pas seulement avec des slogans. Nous sommes heureux de présenter au public et au débat les modestes résultats de cet effort : la « transition » en cours n’est ni écologique, ni solidaire, et encore moins économique.
Compléments de lecture :
Institut Sapiens – Réussir notre transition énergétique
Philippe Charlez – Eoliennes : chronique d’un désastre annoncé